Près de la moitié des plus grandes entreprises mondiales a largement réduit ses voyages d’affaires en avion depuis le Covid. Sur les 217 entreprises analysées par la campagne Travel Smart, 104 ont baissé leurs émissions liées aux déplacements aériens de plus de 50 % entre 2019 et 2022. Parmi celles qui ont le plus réduit leurs voyages en avion figurent le géant de la technologie SAP (-86 %), le groupe de services financiers Lloyds Banking Group (-80 %) et la société de conseil PwC (-76 %). En France, Axa affiche la meilleure performance (-74%). Cette analyse montre que les entreprises peuvent tout à fait réduire les déplacements en avion, augmenter les voyages en train et recourir davantage aux réunions à distance.
Parmi les 113 entreprises qui n’ont pas baissé leurs émissions liées aux vols de plus de 50 % entre 2019 et 2022, certaines sont à la traîne. Il s’agit notamment du géant financier JP Morgan Chase (-13 % seulement) et des sociétés pharmaceutiques Merck (-17 %) et Johnson & Johnson (-28 %). Aucune de ces entreprises ne s’est fixé d’objectif de réduction des émissions liées aux voyages d’affaires, alors qu’elles ont été identifiées par la campagne Travel Smart comme faisant partie des plus grands utilisateurs de voyages d’affaires au monde. Si ces 113 entreprises avaient diminué de 50 % leurs voyages d’affaires en 2022 par rapport à 2019, cela aurait permis d’économiser plus de 1,8 million de tonnes de CO2.
Valeo et Carrefour parmi les mauvais élèves
Pire, l’analyse montre que 21 entreprises dépassent leurs niveaux de déplacements aériens pré-Covid. Parmi elles, l’entreprise française Valeo affiche des émissions liées aux voyages d’affaires en hausse de 54% sur la période, ce qui la classe parmi les plus mauvais élèves. Carrefour, de son côté, n’enregistre qu’une baisse infime (-3%). Pour Travel Smart, ces entreprises devraient renforcer leurs ambitions en matière de climat et accélérer leurs plans de réduction des émissions liées aux voyages d’affaires. En ne répondant pas aux attentes, leur réputation pourrait en pâtir.
Dans l’ensemble, les émissions liées aux voyages d’affaires des 217 entreprises étudiées ont diminué de 51 % entre 2019 et 2022. La campagne Travel Smart s’est fixé pour objectif de réduire les émissions globales des voyages d’affaires d’au moins 50 % par rapport à 2019 d’ici 2025 ou plus tôt. Cet objectif est basé sur la feuille de route de Transport & Environment qui montre qu’une réduction de 50 % de l’ensemble des voyages d’affaires est nécessaire au cours de cette décennie, et le plus tôt possible, afin de maintenir l’aviation dans une trajectoire compatible avec une réchauffement limité à 1,5°C.
Certains gouvernements passent à l’action sur les voyages d’affaires
Jérôme du Boucher, responsable aviation de T&E France, déclare : « Dans l’ensemble, il est positif de voir que beaucoup d’entreprises ne reviennent pas aux niveaux d’utilisation de l’avion d’avant 2019. La pandémie semble leur avoir appris qu’il était possible de travailler en prenant moins l’avion. Plus de réunions en ligne, plus de voyages en train et moins en avion, voilà la voie à suivre. Mais il est consternant de voir encore trop d’entreprises utiliser excessivement l’avion pour leurs activités professionnelles, sans se soucier de la planète. Le début de l’année 2024 est le moment idéal pour elles, pour prendre de nouvelles résolutions afin de mettre fin à l’époque des vols illimités ».
Parmi les 217 entreprises analysées dans cette étude, 171 n’ont pas d’objectifs de réduction des émissions liées aux voyages d’affaires. Pourtant, la plupart d’entre elles voyagent beaucoup moins qu’avant le Covid.
Les gouvernements sont en train de revoir leurs plans climat pour les prochaines années et les entreprises ont de plus en plus de responsabilités dans la réalisation de ces objectifs. Les Pays-Bas par exemple ont déjà commencé à cibler les émissions associées aux voyages d’affaires. À partir de juillet 2024, les entreprises néerlandaises devront rendre compte au gouvernement des progrès réalisés en vue de la réduction obligatoire de 50 % de leurs émissions liées à la mobilité au sein du pays d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2016.
« L’ère des voyages d’affaires sans limites touche à sa fin. Certains gouvernements s’en rendent compte et prennent des mesures sévères contre les vols inutiles. C’est une bonne chose pour la planète, mais aussi pour les entreprises elles-mêmes, qui peuvent ainsi réduire leurs coûts et donner la priorité au bien-être de leurs employés », conclut Jérôme du Boucher.
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