Les émissions de CO2 des voyages d’affaires des plus grandes entreprises mondiales (les 239 sur 326 dont les données sont disponibles) ont chuté de 34% entre 2019 et 2023. C’est ce que révèle la quatrième édition du classement Travel Smart. Ce chiffre global masque une disparité entre des entreprises à la pointe et certaines, un peu plus à la traîne. Plus inquiétant, 44% des entreprises du classement n’ont toujours pas d’objectif de réduction concernant leurs voyages d’affaires.
AstraZeneca, Tetra Pak et Swiss Re montrent qu’il est possible de réduire les déplacements en avion et d’avoir néanmoins un business florissant. AstraZeneca s’est fixé un objectif en 2020 et ses vols d’affaires ont chuté de plus de moitié depuis 2019. L’entreprise d’emballage alimentaire Tetra Pak, qui s’est fixé un objectif en 2019, a réduit ses émissions de 41 % depuis lors, tandis que Swiss Re, qui s’est fixé un objectif depuis 2020, émet 67 % de moins qu’en 2019. Des exemples à suivre!
The Shifters Belgium a voulu examiner plus précisément la situation en Belgique. Sur base des données fournies par T&E, les Shifters du groupe mobilité ont classé près de 50 grandes entreprises en Belgique, émettant au minimum 1000 tonnes de CO2 par an pour leurs voyages d’affaires.
Seules cinq entreprises (filiales de groupes étrangers) obtiennent un bon score avec un ranking A ou B. Parmi les groupes belges, la société Arthur D Little est en tête, elle s’est fixée comme objectif de réduire de 61 % ses émissions liées aux voyages d’affaires en 2033. UCB, membre de la coalition Business Travel Pioneers [1], a réduit son empreinte de 42 % depuis 2019, grâce à plusieurs mesures comme la demande d’une autorisation pour les voyages internationaux, éviter l’avion pour les voyages d’une journée mais aussi utiliser le train pour les voyages d’une durée inférieure à trois heures. A l’inverse, les sociétés Syensqo, KBC, et Umicore, en l’absence d’objectif spécifique, n’ont, pour leur part, toujours pas réussi à limiter leurs émissions et sont en queue de peloton.
Quentin Lancrenon, porte-parole des Shifters Belgium, indique : «Fixer des objectifs en matière de réduction du nombre de voyages d’affaires en avion, ça marche. Ce classement le prouve, ainsi que la participation à l’initiative belge “Business Travel Pioneers”. Mais il y a encore du chemin à faire : pendant que les ménages décarbonent leurs trajets quotidiens, isolent leurs maisons et réduisent leurs voyages en avion, certaines entreprises continuent à émettre d’énorme quantité de gaz à effet de serre au travers de leurs voyages d’affaires. Réduire cet impact climatique doit être une priorité.»
Plus les objectifs sont précis, plus ils conduisent à des réductions efficaces
Le classement Travel Smart 2025 révèle donc que les entreprises qui se fixent des objectifs réduisent davantage leurs émissions liées aux voyages d’affaires que celles qui naviguent à l’aveugle. Alors que la détermination d’un objectif spécifique a permis, en moyenne, une réduction des émissions de 48 % depuis 2019, les entreprises qui n’étaient guidées que par un objectif global ont, pour leur part, fait état d’une réduction de l’ordre de 41 %. De l’autre côté, les entreprises ayant un objectif plus large (incluant les voyages d’affaires ainsi que d’autres sources d’émissions) ou celles qui n’avaient pas fixé d’objectif en matière de déplacements professionnels n’ont réduit leurs émissions, respectivement, que de 35% et 28%.
Quentin Lancrenon ajoute : «Des objectifs spécifiques pour réduire efficacement les émissions liées aux voyages d’affaires sont essentiels pour la responsabilité climatique des entreprises. Les grandes entreprises ont montré que la combinaison d’objectifs spécifiques et de mesures visant à réduire les déplacements en avion fonctionne. Il est temps que les retardataires agissent pour que leurs voyages d’affaires ne compromettent plus la santé de notre planète et de nos concitoyens».
Le classement Belge est téléchargeable ici.
Note aux rédacteurs
Le classement “Travel Smart” classe 326 entreprises américaines, européennes et indiennes sur base de 11 indicateurs relatifs aux émissions des transports aériens, aux objectifs de réduction de celles-ci et au reporting. Les entreprises se voient attribuer une note A, B, C ou D. Cette année, dans la quatrième édition du classement, 21 entreprises ont obtenu la note A, 35 la note B, tandis que l’écrasante majorité (242) a reçu la note C. 28 entreprises ont reçu la note D. Les données sur les émissions sont celles de l’année 2023. Les informations disponibles les plus récentes ont été utilisées pour les objectifs. Dans la plupart des cas, celles-ci datent de 2023, sinon de 2024. Ce classement porte sur les vols d’affaires, qui sont essentiels pour la réduction des émissions et pour l’avenir de l’aviation durable. Des aspects plus généraux du modèle d’entreprise d’une compagnie doivent également être pris en compte pour que celle-ci soit considérée comme un leader en matière de durabilité.
[1] “Business Travel Pioneers” est une coalition de 17 entreprises et universités, lancée par Bond Beter Leefmilieu en 2023. Les membres de la coalition sont des précurseurs qui s’engagent à mettre en oeuvre une politique de voyage durable et à moins utiliser l’avion.