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Voyage d’affaires : UCB, Umicore et Arthur D Little n’ont toujours pas de plan crédible pour décarboner les déplacements de leurs salariés

März 12, 2024
Pour la troisième année consécutive, toutes les entreprises belges obtiennent de mauvais résultats dans le classement Travel Smart, dû au fait qu’elles ne font aucun effort pour réduire leurs vols d'affaires.

Les multinationales belges ne prévoient pas de réduire les voyages d’affaires

Sur les 10 entreprises belges évaluées dans le classement Travel Smart 2024, aucune ne s’est fixé d’objectif de réduction des émissions liées aux voyages d’affaires. C’était déjà le cas l’année dernière, ce qui signifie qu’aucune entreprise n’a fait d’efforts supplémentaires pour réduire l’empreinte climatique associée à ses voyages d’affaires. C’est le signe inquiétant qu’une majorité d’entreprises n’agissent pas assez vite ou ne font pas preuve d’un véritable engagement pour réduire les émissions liées au transport aérien.

L’analyse dévoile un contraste frappant entre les entreprises d’un même secteur. Pendant que certaines se fixent des objectifs ambitieux, d’autres sont à la traîne et refusent de le faire, année après année.

Pour la troisième année consécutive, les multinationales belges Belfius, Solvay, Barco NV et Anheuser Busch ont reçu la note C ou D. Mais leurs homologues d’autres pays, comme la banque Lloyds Banking et le géant de la technologie Salesforce, sont beaucoup plus ambitieux, avec des objectifs de réduction de leurs voyages d’affaires. Cela montre que les entreprises peuvent apporter des changements novateurs et se fixer des objectifs ambitieux en adoptant de nouvelles méthodes de travail, en remplaçant les voyages en avion par des modes de transport alternatifs ou en recourant davantage à la collaboration virtuelle.

Dans l’ensemble, trois entreprises belges ont obtenu la note la plus basse – un D (Arthur D Little, Euronav et Anheuser Busch) et sept ont obtenu un C. Les entreprises belges font piètre figure par rapport aux multinationales des Pays-Bas, du Danemark, de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne – où au moins une entreprise a obtenu un A ou un B.

« Les entreprises belges ont une part de responsabilité dans la réduction du trafic aérien. Elles doivent se fixer des objectifs de toute urgence, sous peine d’être distancées par leurs concurrents. Il n’y a pas d’excuses pour ne pas agir, car certaines réussissent très bien ! L’étude montre qu’il existe une différence entre les entreprises qui s’engagent en faveur du climat et celles qui, au mieux, se contentent de vagues déclarations », explique Pierre Courbe, chargé de mission mobilité chez Canopea.

Des entreprises ne sont pas en phase avec leurs propres engagements

25 entreprises internationales sont épinglées dans la dernière édition du classement « Travel Smart ». Dans le détail, ces compagnies sont considérées comme des mauvais élèves en raison de deux critères : 1) elles affichent des émissions de CO2 élevées en raison des déplacements aériens de leurs employés [1] ; 2) elles n’ont pas d’objectif crédible et précis de réduction de ces émissions.

Au total, 25 multinationales présentes dans le classement Travel Smart combinent ces deux problèmes. Cette petite minorité (7% des 328 entreprises évaluées) représente à elle seule 36% de l’ensemble des émissions liées aux voyages d’affaires des sociétés répertoriées dans le classement. Si ces retardataires réduisaient leurs émissions de moitié d’ici 2025 (par rapport au niveau de 2019), ils permettraient d’éviter 5,9 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions rejetées par 3 millions de voitures pendant un an.

Les entreprises peu ou pas engagées sur ce thème risquent de retrouver rapidement les niveaux de voyages d’affaires pré-COVID. Notre outil de suivi en ligne montre que les entreprises qui ne se fixent pas d’objectifs, comme Johnson & Johnson ou Merck, sont déjà revenues à des niveaux d’émissions proches de ceux de 2019, avec seulement -28 % et -17 % respectivement en 2022 (alors que la moyenne est de – 48%) [2]. De son côté, le géant français Sanofi ne s’est pas non plus fixé d’objectifs spécifiques. A l’inverse, Pfizer affiche des émissions liées aux voyages d’affaires en baisse de 78% en 2022, avec une cible précise de réduction.

Siemens, Volkswagen, et Google figurent parmi les autres grands voyageurs du classement qui n’ont pas de plans crédibles pour réduire les émissions liées à leurs déplacements. Ces entreprises mondiales se considèrent comme progressistes et pionnières, mais ne s’attaquent pas aux émissions liées au transport aérien. Ainsi, l’ensemble des vols de Siemens réalisés en 2019 représentent l’équivalent de 2 aller-retour Paris-New York réalisés chaque jour, pendant un an.  Pour mettre en évidence les plus fautifs, la campagne Travel Smart a donc créé de fausses compagnies aériennes, telles que Siemens Airlines ou IBM Business Airlines, afin d’attirer l’attention sur leur forte responsabilité en matière de réduction des vols d’affaires.

“Alors que le Covid a poussé le monde de l’entreprise à se connecter et à travailler en réduisant le nombre de vols, de nombreuses sociétés tardent à diminuer l’empreinte climatique de leurs vols d’affaires. Nous ne pouvons plus nous permettre des promesses vides de la part des chefs d’entreprise. Il faut davantage d’actions et d’engagements contraignants pour maintenir les vols d’affaires à un niveau plus bas,” conclut Pierre Courbe.

Note aux éditeurs

[1] Les 25 entreprises mentionnées sont les plus “grandes voyageuses” en 2019 parmi les 328 entreprises sélectionnées dans le classement Travel Smart (liste complète ici). Elles sont responsables de 36 % des émissions des entreprises du classement.

Les émissions de 2019 ont été retenues car elles sont plus représentatives des voyages aériens des entreprises hors période de Covid. Les entreprises doivent prendre 2019 comme point de référence pour leurs objectifs de baisse des émissions. Concernant l’absence de politique spécifique de réduction, les données ont été arrêtées au 31 décembre 2023.

[2] La campagne Travel Smart demande aux entreprises de se fixer des objectifs de réduction des émissions liées aux voyages d’affaires d’au moins 50 %, d’ici à 2025 ou plus tôt. Cet objectif a été fixé sur la base de l’analyse rigoureuse de la feuille de route de Transport & Environment pour une aviation climatiquement neutre, qui montre qu’une réduction de 50 % de l’ensemble des voyages d’affaires est nécessaire au cours de cette décennie, afin de maintenir l’aviation dans une trajectoire compatible avec une augmentation de 1,5°C.

Le classement Travel Smart répertorie 328 entreprises américaines, européennes et indiennes en fonction de 11 indicateurs relatifs aux émissions des transports aériens, aux objectifs de réduction et à la communication d’informations. Les entreprises se voient attribuer une note A, B, C ou D. Dans l’édition de cette année, 16 entreprises ont obtenu la note A, 40 la note B, l’écrasante majorité la note C (230) et 42 la note D.  Il s’agit de la troisième édition du classement.

Ce classement porte sur les vols d’entreprise, qui sont essentiels à la réduction des émissions et à l’avenir de l’aviation durable. D’autres critères doivent également être pris en compte pour qu’une entreprise  soit considérée comme un leader en matière de développement durable.

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