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Voyages d’affaires : les émissions des grands groupes français ont diminué de 18% par rapport à 2019

May 13, 2025
Parmi les entreprises françaises évaluées, Capgemini tire son épingle du jeu en réduisant ses émissions entre 2023 et 2024. En revanche, Sanofi laisse filer ses émissions à la hausse.

Une nouvelle analyse de T&E sur les émissions des voyages d’affaires de 25 grandes entreprises françaises en 2024 révèle qu‘en moyenne, elles ont réduit leurs émissions de presque un cinquième (-18%) en 2024 par rapport à 2019.

Globalement, la tendance positive de réduction des émissions liées au voyages d’affaires est confirmée. Cependant, cette tendance cache de grandes disparités entre les entreprises : certaines réduisent énormément leurs émissions, alors que d’autres sont sur une tendance plus préoccupante.

Les 25 entreprises françaises du classement Travel Smart 2025 ont été analysées à partir des données 2024 provenant du document d’enregistrement universel. Grâce à la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité (CSRD), plusieurs entreprises déclarent désormais leurs émissions de voyages d’affaires dans leur rapport annuel, ce qui permet de les évaluer. 

Sur 25 entreprises analysées, 9 se sont fixées des objectifs spécifiques de réduction des émissions de leurs voyages d’affaires. 16 n’ont pas d’objectif ou seulement des objectifs de réduction généraux, qui englobent de nombreuses activités de l’entreprise sans distinction particulière. L’analyse globale de T&E pour le classement Travel Smart 2025 montre que les entreprises avec des objectifs dédiés aux voyages d’affaires réduisent plus leurs émissions. Cela est confirmé pour les entreprises françaises: les 9 ayant un objectif spécifique ont collectivement réduit leurs émissions de 41% entre 2019 et 2024, tandis que les autres ont réduit leurs émissions de seulement 9% en moyenne.

Deux tiers des entreprises analysées maintiennent leurs niveaux de voyages plus bas qu’en 2019. Six d’entre elles, soit un quart, ont maintenu des réductions de 50 % ou plus. La société de conseil Capgemini, qui a un objectif dédié de réduction des émissions liées aux voyages d’affaires, a réduit celles-ci de 7% entre 2023 et 2024, et affiche désormais une réduction de 51% par rapport à 2019, tout en ayant augmenté son nombre d’employés. Sopria Steria, Amundi, L’Oréal et Forvia ont aussi fait plus d’efforts, chacune mettant en place de nouvelles mesures : limitation des voyages aériens en préférant les alternatives de train, utilisation d’outils digitaux pour les réunions, ou obligation d’obtenir l’autorisation préalable d’un membre de l’encadrement supérieur pour les voyages à l’étranger.

En revanche, le géant pharmaceutique, Sanofi, qui n’a pas défini d’objectif spécifique, a vu ses émissions liées aux voyages augmenter de 10% en 2024 par rapport à 2019. D’autres entreprises ont augmenté leurs émissions sur la même période : LVMH (+23%) et Vinci (+25%). 

Le contraste entre les entreprises en tête et en queue de peloton au sein des secteurs est particulièrement frappant. Pour le secteur de la finance, Crédit Agricole et Société Générale ont diminué leurs émissions respectivement de 33% et 59%; contrairement à BNP Paribas qui se rapproche des niveaux de 2019 avec une diminution de seulement 7%. 

Pour le secteur du luxe, Kering a diminué ses émissions de 44% ; contrairement à LVMH qui les a augmentées de 23%.  Pour le secteur de l’automobile, Renault et Forvia ont diminué leurs émissions respectivement de 28% et 25%; contrairement à Valeo qui les a augmentées de 49%.

Le gouvernement français a pris des mesures encourageantes concernant les voyages d’affaires. Dans le cadre de son Plan de Sobriété Énergétique, il a demandé aux entreprises ainsi qu’à ses services (Acte 2) de privilégier le train au lieu de l’avion pour les trajets pouvant être effectués en moins de quatre heures. 

Le gouvernement reconnaît l’énorme impact climatique des transports. C’est pour cela que la circulaire ultérieure relative à l’engagement pour la transformation écologique de l’État inclut un objectif de réduction des voyages aériens de 20% en 2024 par rapport à 2019, avec une ambition augmentée à -30 % en 2027. 

T&E et des étudiants, dans une tribune publiée dans Le Monde, appelle les entreprises françaises à faire de même, en se fixant des objectifs de réduction des émissions liées aux voyages d’affaires à 50% des niveaux de 2019, entre 2025 et 2030. Cet objectif a été fixé sur la base de la feuille de route de T&E, qui montre qu’une réduction de 50 % de l’ensemble des émissions liées aux voyages d’affaires est nécessaire d’ici 2030, afin de maintenir l’aviation dans une trajectoire compatible avec une planète à 1,5°C.

En 2024, le secteur européen de l’aviation a presque entièrement retrouvé ses niveaux d’avant Covid, atteignant 96% du nombre de vols de 2019 et 98% des émissions CO2, selon l’analyse de T&E. Sans les réductions des vols d’affaires, l’augmentation européenne serait plus importante.

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